Journée Magique
1- Dernières heures avec la Dame au Chat.
Lorsque j’ouvre l’œil ce jour là, je sais que ça va être une très bonne et belle journée.
Parfois on sait. L’ambiance est particulière. La lumière dehors est enveloppante et réconfortante. Il a quelque chose d’assez irréel dans l’air. J’ai envie de dire quelque chose de magique.
Depuis quelques mois mon attention est perturbée par des événements extérieurs. Or, la création ne supporte pas le manque de concentration. C’est pour cela que j’ai fait et refait souvent.
En temps normal lorsqu’on est à son affaire, les choses découlent les unes des autres sans heurts. L’harmonie s’installe facilement, il suffit de se laisser porter par ce qui naît comme une évidence. C’est ce que tout créateur recherche dans son art : un accouchement fluide et inspiré.
Au 40 rue des forges à Paimpont, l’extérieur s’est invité dans ma vie.
D’une chaise avec des fils et des aiguilles, je suis passée au râteau et à la brouette avec des chaussures de sécurité. On ne peut pas dire que la brodeuse s’engage physiquement dans son œuvre.
En dehors des mains qui doivent être agiles, le reste est très statique.
Dans un champ c’est bien différent.
En dehors des mains qui doivent être agiles, le reste est très statique.
Dans un champ c’est bien différent.
En octobre, alors que je pensais terminer tranquillement la Dame au Chat, j’ai dû, du jour au lendemain, m’improviser paysagiste et ratisser deux mille mètres carrés de terrain. Seule. Avec mes petits bras. J’en profite au passage pour remercier mes parents de m’avoir donné cette constitution solide qui me permet de passer de la station assise quotidienne au travail agraire 10 heures par jour. Merci papa merci maman
D’un terrain en friche, voici qu’à présent, le vert d’un joli gazon anglais gagne centimètres après centimètres, en attendant le printemps et les nouvelles plantations. C’est l’heure de la contemplation.
Chaque matin, les verts sont différents. C’est fascinant.
Ce matin là, comme tous les matins depuis deux mois, mon attention va vers ces verts….
Comment la lumière qui arrive de l’Est habille tout cela ? Les verts chauds, les verts froids, les entre-deux. La rosée, le gel, la palette est infinie et si variée d’un jour à l’autre. C’est hypnotique.
Comment la lumière qui arrive de l’Est habille tout cela ? Les verts chauds, les verts froids, les entre-deux. La rosée, le gel, la palette est infinie et si variée d’un jour à l’autre. C’est hypnotique.
J’ai hâte en me levant de tirer les rideaux et de voir : comment sont les verts ce matin ?
Dans la gamme des fils à broder de DMC, ce sont les verts que je maîtrise le mieux. Depuis le tout début, (c’est-à-dire en 2002 !), les Verts sont mes Amis. Je les comprends. Je n’hésite jamais. Je sais toujours exactement ceux qui conviennent. J’ai un lien particulier avec les Verts.
Avec les bruns aussi. Les couleurs de terre, d’humus.
J’ai mémorisé depuis l’enfance toutes les nuances colorées de la nature qui m’entoure, fascinées par leurs interactions et cette multitude subtile de tons et de matières.
Ce matin encore je vais chausser mes boots et aller caresser le gazon et observer de près à quoi il ressemble à presque 2 mois. Il y a la fétuque traçante qui est très fine et courte. Le ray-grass qui se dresse plus haut et plus large. Et le chiendent qui n’a pas été éradiqué qui s’insinue encore et encore malgré mes efforts ici et là. C’est un spectacle à part entière. C’est beau. Je me réjouis.
En observant jour après jour et sans le savoir, je répète mes gammes pour la broderie.
Nous y reviendrons plus tard…
2-Les Fleurs
Je cherchais comment représenter les fleurs dans la chevelure.
La question principale à prendre en compte c’est la juste Proportion.
Je l’ai déjà dit précédemment, l’élément majeur de cette broderie ce sont les fleurs essaimées dans cette volumineuse chevelure. Le reste n’est en quelque sorte que du décor, une sorte d’écrin qui met en valeur cette partie.
a- Lorsque l’on souhaite intégrer un élément fort dans ou sur une broderie, l’important se situe dans la bonne proportion des éléments.
Il est extrêmement rare de trouver l’élément parfait dans la parfaite dimension :
- Soit on trouve quelque chose d’assez proche mais un tout petit peu plus petit alors on en mettra plus.
- Soit c’est plus gros (ou plus grand). Alors on en mettra moins.
Il s’agira alors de recomposer la zone.
b-Mon intention avant de commencer cette broderie était de rester dans une proposition simple, pouvant convenir à une palette plus large de brodeuses.
Cela signifie que mes idées doivent se tenir dans très peu d’éléments d’embellissement.
J’ai déjà de la Soie de Paris pour le galon et pour faire simple je n’ai plus le droit qu’à UN élément supplémentaire pour me tenir à mon intention économique première.
Alors pour ces fleurs ? Un fil spécial supplémentaire ou un accessoire ?
Cela pourrait être :
- un deuxième fil de Soie de Paris ou d’Alger, blanc ou crème…
- Mais quel point ? Chaînette pour faire les 5 pétales des fleurs ? Trop gros…
- Un point de nœud ? Trop petit…
- 5 points de nœud ? Trop gros…
Voyons avec les perles.
- Perles blanches extra small ? Trop blanches.
- Perles ivoire extra small ? A peine trop grosses. Un chouïa d’un chouïa trop grosses. On est tout de même proche de la vérité. Ce sera donc mon choix.
c-Essayons de voir comment constituer la fleur.
5 perles pour 5 pétales assemblées hors broderie avant d’être fixées ensemble sur la chevelure.
J’en place plusieurs pour voir. Pas mal du tout !
Le plus souvent on crée le motif en fixant les perles une par une sur la toile. Cette fois les perles sont assemblées et formées ensemble avant d’être fixées.
d-Comme elles sont à peine trop grosses je ne garderai pas toutes celles du motif original. J’en garde 16 sur 23. Cela m’en fait 7 de moins que sur l’illustration première !
Je vais cependant tenter de conserver le joli rythme donner grâce au talent de l’illustrateur Erlé ferronnière, en maintenant certaines fleurs à des endroits clef. Ainsi, bien qu’il y en ait moins, on garde le même sentiment, la même émotion, que ce qui nous a touché dans l’illustration.
La position des fleurs ne doit surtout pas être symétrique ou systémique. C’est d’une certaine manière « l’accident », le décalage, qui en fait le charme. A moi de préserver cela même si je n’ai pas dans mes mains la même somme d’éléments.
Je vais cependant tenter de conserver le joli rythme donner grâce au talent de l’illustrateur Erlé ferronnière, en maintenant certaines fleurs à des endroits clef. Ainsi, bien qu’il y en ait moins, on garde le même sentiment, la même émotion, que ce qui nous a touché dans l’illustration.
La position des fleurs ne doit surtout pas être symétrique ou systémique. C’est d’une certaine manière « l’accident », le décalage, qui en fait le charme. A moi de préserver cela même si je n’ai pas dans mes mains la même somme d’éléments.
En en mettant trop je prends le risque que tout devienne rigide, comme plaqué. Or Il faut préserver un effet de souplesse lié à la chevelure.
3-Le Visage
Je suis à peine satisfaite du visage. Quelque chose demande à être souligné.
Un peu dans le même esprit que ce qui vient d’être évoqué pour les fleurs, il y a nécessité à recomposer ou accentuer.
Je me sens l’âme d’une aventurière de l’aiguille libre, et sans trop réfléchir, j’attrape une aiguille à broder les perles, un 400 de DMC et youpla !
Je m’aventure dans le visage.
Je sens que c’est son heure et que les quelques points magiques que je vais initier vont faire la différence.
Je me laisse porter par mon instinct. Je réfléchis à peine.
Je pique ici. Je tire un trait là. Cette fois on y est.
Ou étiez-vous cachée chère Dame au Chat. Viendriez-vous à la vie ?
Un fil sombre pour ouvrir l’œil et Madame la Douce nous gratifie de sa présence. Ah quand même !
Parfois être au plus près du dessin est gage de succès. Parfois non. A moi de savoir quand il est essentiel d’être au plus près du trait originel et quand le dessin en relief que nous créons avec des fils exige de nouvelles lignes.
4- Profondeur
Il ne me reste plus que le bas du dessin…. Le gazon !
Il ne me reste plus que le bas du dessin…. Le gazon !
Le gazon est la touche finale qui donnera une légère profondeur au sujet, placera le personnage dans un espace.
Comme vous l’avez compris plus haut, après ces nombreuses semaines d’observation de mon gazon et d’analyse des verts, réaliser les brins d’herbe autour de la robe et des pattes du chat, sont une formalité.
L’observation des choses et leur compréhension, leur intégration, me font gagner un temps fou !
Points Arrières : Merci !
Ces trois derniers jours passés en votre compagnie m’ont fait voler au-dessus des eaux. Quel bonheur quand ce moment là arrive et que tout se révèle à son plein potentiel. Points Arrières, je vous adore. Et je me dis : comme c’est jouissif ce moment où vous mettez en valeur tout le travail fait précédemment. Et comme cela rend fière d’avoir su travailler à l’aveugle et qu’à la fin tout soit magnifié et prenne vie. Good Job.
Alors voilà. Elle est là. La Dame au Chat est là.
Il aura fallu cette journée un peu magique pour que ces Micro-Traits de fils, juste aux bons endroits, dans la bonne densité, apportent la ponctuation finale, la dernière épice, celle qui réveille et donne la vie.
Maintenant c’est à vous de broder !
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La Dame au Chat, par Nimuë d’après une illustration de Erlé Ferronnière.
La grille et le kit complet sont à présent disponibles.
N’hésitez-pas à laisser vos commentaires ci-dessous !
bravo et bonnes fêtes a toutes
Merci Patricia. Bonnes Fêtes à toi aussi 😉
Très joli épisode.
joyeuses Fêtes à toutes !
Merci Cécile. De très belles Fêtes à vous et votre famille <3