Salon, qu'est-ce qu'un salon ?
Je profite de ce petit Salon des Créateurs vécu à Oléron pour vous raconter ce que représente ce type d’événement pour les créateurs et créatrices en terme d’organisation.
Tout d’abord cela se prépare des semaines à l’avance.
- Si on a l’habitude de faire des salons avec l’équipement qui est déjà là alors l’on a simplement à compléter son stock.
- Si cela est occasionnel, alors tout est beaucoup plus compliqué car l’on doit s’adapter aux lieux et aussi investir financièrement beaucoup plus.
Dans le premier cas l’on doit aussi s’adapter aux lieux mais, l’expérience fait que l’on a un plan A, un plan B, un plan C, donc a priori l’on pourra faire face à toute éventualité ou presque. Et si ce n’est pas le cas la solidarité fonctionnera avec les voisins car on peut imaginer que ce seront de petites choses manquantes : une rallonge, une multiprise, des crochets, des vis, etc..
Lorsque c’est occasionnel il nous manquera sûrement beaucoup plus de choses si le site est compliqué :
- un chariot de transport,
- des tissus pour masquer,
- des pinces pour faire tenir tout un tas d’éléments,
- des systèmes de paiement nomades,
- du stock parce qu’on ne sait pas bien évaluer les besoins.
- …La liste peut être longue.
Si c'est occasionnel il nous manquera sûrement beaucoup plus de choses si le site est compliqué
Pour ma part, je suis plutôt tranquille. Bien que je n’ai pas fait ce genre de salon depuis au moins 4 ans, j’ai gardé mon van. Je n’aurais qu’à remplir mes gros containers sur roulettes et les hisser dans le véhicule. C’est très lourd et mon atelier n’est pas de plein pied mais je m’en sors sans trop d’efforts (à ma grande surprise quand même). Arrivée à destination c’est encore mieux, les bénévoles organisatrices du salon, donnent un coup de main pour décharger. Un grand merci à elles !
Et oui ! l’avantage des salons organisés par des associations c’est qu’il y a toujours des petites mains pour aider. Ce n’est absolument pas le cas sur les salons de franchise type Créativa ou ceux à Paris et dans toute autre métropole française ou étrangère. Cependant rassurez-vous la solidarité entre exposants fonctionne si besoin.
Que signifie préparer un salon des semaines à l’avance ?
Il s’agit de :
- s’assurer un lieu d’hébergement bien situé en rapport avec son niveau de vente.
- s’assurer auprès des fournisseurs qu’ils puissent livrer à temps. Il faut anticiper les aléas : ruptures chez le fournisseurs (en trouver d’autres) + temps de fabrication.
- s’assurer de l’espace d’exposition et de son environnement : les murs (quelle sorte de murs, si il y a des murs !), les tables ou pas tables, les voisins, les points électriques, les repas.
- s’assurer des éventuels documentations, panneaux à concevoir et à imprimer.
- s’assurer le petit matériel divers : supports, paniers, pochettes ou sacs, spots, rallonges, multiprises, nappes, tissus, étiquettes, crayons, scotch, vis, couteau, ciseaux, cutter, pinces multiples, crochets, ficelles, visseuse, charriot, escabeau etc.
On pourra toujours poser autant de questions aux organisateurs que l’on souhaite, il oubliera de vous signaler un truc essentiel. Par exemple
- qu’il y a une marche ou un sol « chaotique » problématique pour les chariots. Cela peut faire perdre beaucoup de temps au montage.
- que seuls certains véhicules peuvent s’approcher,
- que les murs sont lisses et qu’on ne peut ni visser ni clouer ni scotcher ni agrafer.
Tout cela arrive et si on est à l’étranger et que l’on ne connait personne il faut encore une fois avoir de multiples solutions de rechange. Et cela se prévoit des semaines à l’avance.
Si l’on n’envisage pas ces différents cas de figure la note peut être salée. Le temps imparti pour installer son stand est limité et si on ne peut le faire dans les délais par manque de solution cela peut vraiment être grave.
Attention au lin qui se gorge d'humidité !
Revenons au Salon des Créateurs du Château d’Oléron.
2 espaces distincts :
- 1 grande salle assez classique type salle de réception sur parquet dans le bâtiment principal. Y sont exposées les activités et techniques traditionnelles avec 4 meilleures ouvrières de France : broderie d’or, peinture à l’aiguille, jours, mais aussi patchwork.
- dans les parties basses de la Citadelle il y a des sortes de caves voûtées aux grandes portes s’ouvrant largement vers l’extérieur. Ce sont 3 salles en enfilades toutes ouvertes sur l’extérieur. L’espace est atypique et plein de charme plutôt réservé au point de croix.
Dans la salle supérieure il y a des grilles pour accrocher ses ouvrages, dans les caves ce sont des cimaises desquelles l’on peut faire descendre des chaînes et suspendre les tableaux avec des crochets.
La première salle est « au sec », la deuxième dans l’humidité (attention au lin qui se gorge d’humidité !).
La première salle n’a pas de spots directionnels, la deuxième bénéficie des conditions d’éclairage type galerie avec des rampes de spots esthétiques et orientables.
La première salle est connectée, les caves NON, donc impossible d’encaisser avec un système nomade lié au réseau 4G. Or aujourd’hui tout le monde paye par CB. Il faut avoir prévu un autre système d’encaissement par CB non connecté.
Encore une fois la liste des conséquences liées aux lieux est longue alors que nous sommes sur le même événement !
La vie d’une créatrice de broderie n’est pas faite que de broderie, cela saute aux yeux ! Elle demande beaucoup de polyvalence, d’autonomie et de sens de l’anticipation et d’organisation, en somme une grande adaptabilité pour gérer toutes les éventualités.
Personnellement c’est ce qui m’amuse dans cette vie : devoir inventer constamment pour tout et pas seulement en point de croix. On invente notre vie en choisissant de :
- faire des salons ou pas
- de voyager ou pas,
- de créer pour soi ou pour quelqu’un d’autre
- etc. tout est possible.
Isabelle Vautier me disait qu’elle dessine chaque jour, c’est ce qui la passionne depuis sa jeunesse.
Moi, cela m’est égal ce que je fais, je veux vivre des aventures. Je veux que ma vie soit épique. Alors à la moindre opportunité un peu bizarre je saute à pieds joints. C’est pourquoi mes sujets traitent de personnages extraordinaires qui ont certainement des vies extraordinaires.
Nos motivations sont très différentes et pourtant nous exerçons le même métier !
Je terminerais en disant que ce salon à Oléron a permis de retrouver des gens que j’apprécie énormément comme Isabelle Vautier. La première fois que nous nous sommes rencontrées c’était à Florence en Italie où nous étions invitées toutes les deux ainsi que Rénato Parolin et Kate de Bothy Threads pour un weekend de dédicaces organisé par Casa Cenina. C’est un de nos plus beaux souvenirs de toute notre vie de créatrice. Ce séjour en Toscane était absolument magique . On s’est souvent demandé avec Isabelle si on méritait autant d’attention. Merci Giovanni Bartoli !
Un clin d’oeil spécial aussi pour l’Atelier d’Eole, Delphine et Stéphane. Que de souvenirs ensemble ! On a tous commencé il y a une petite vingtaine d’années. On a participé à tellement de salons communs en France avant que je n’arrête et me concentre sur l’étranger que c’était très émouvant de se retrouver là.
Nos activités sont fragiles. Vraiment très fragiles. Personne ne peut dire qui sera là encore demain. Nos intuitions ne peuvent pas être que créatives car elles ne suffisent pas pour tenir dans le temps. On a croisé tellement d’autres créateurs depuis le début et qui ont disparu que l’on sait lorsqu’on se retrouve que notre longévité ne tient qu’à un fil… donc pas seulement à nos seules « merveilleuses » créations textiles. Il faut bien d’autres talents…
Participer efficacement à un salon fait partie des étapes essentielles pour rencontrer nos brodeuses de cœur, celles avec qui nous allons voyager au fil du temps, celles que nous allons emmener dans un pays rêvé des possibles, celles qui vont être sans le savoir les artisanes de notre créativité renouvelée car c’est leur énergie et leur enthousiasme qui motive la création suivante.
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Merci pour toutes ses modèles de broderies qui donnent fort envie et qui nous offrent du plaisir à les broder.
Étant en vacances à l’île d’Oléron il y a quelques temps j’en avais profité pour aller au salon de la broderie (au château d’Oléron). Tres satisfaite de cette journée.
Merci Annaick pour toute ses créations et merci de nous faire rever
C’est vrai que lorsque nous passons on en prend plein les yeux de tous ces modèles présentés mais on oublie le travail qu’il y a derrière pour mettre tout en place. Je regrette de ne jamais de trouver de salon proche de chez moi. Il y a parfois ID Créatives mais les allées sont minuscules on est bousculées toutes les deux minutes et la dernière fois il n’y avait plus de vrais stands broderie juste Ecolaine mais eux je peux y aller toute l’année…
En tout cas l’endroit où vous exposiez fait rêver avec ces voutes ca va bien avec votre univers je trouve !! bon dimanche
Bonjour Elisabeth. C’est vrai que cela fait déjà pas mal d’années que la broderie n’est plus très bien représentée dans les salons généralistes des loisirs créatifs et même art du fil. A part à Nantes, l’Ouest n’a jamais réussi à avoir de beaux salons. Pourquoi ? Mystère car il y a beaucoup de brodeuses en Bretagne.
coucou merci pour ce reportage qui permet de,savoir comment cela se passe c’est très intéressant j’espère que tu as fait de belles rencontres bon courage pour la suite
bises
patricia
Merci Patricia. Oui c’était émouvant parce qu’on connait nos parcours à chacun. C’est une vie de liberté mais aussi d’astreinte perpétuelle. On n’a pas souvent le temps de souffler.