Emancipation
Nous nous étions quittées sur les premiers choix de couleurs.
Depuis j’ai bien avancé et même je m’approche de la fin de la partie brodée.
Si je me place du point de vue des couleurs je dois dire que cela m’a fascinée et un peu chahutée. Pour mon plus grand plaisir.
Prenons zone par zone…
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1- Le Visage
a-Dimension : J’ai choisi de réaliser un sujet assez grand. Cela induit plus de détails et plus de couleurs.
Cela se voit immédiatement avec le visage. Je disais dans l’épisode précédent que la palette des oranges était très variable allant de oranges hyper lumineux voire intenses à des oranges de terre pour finir avec des oranges/rosés.
Si j’avais choisi une dimension de sujet deux fois moins grande je n’aurais pu exprimer que la moitié de cela voire même un tiers. Peut-être que 5 ou 6 oranges auraient fait l’affaire ? Alors qu’avec un visage de 10 par 10 cm il me faut exprimer toutes ces nuances sous peine de perdre le charme d’une partie du sujet tel qu’il nous apparait. Donc pas d’autre choix qu’une belle variation. Cela va me donner l’occasion d’utiliser une des récentes couleurs de DMC, le n°22. Une sorte de rose/orangé très lumineux.
Je dois dire que ces couleurs ajoutées à leur gamme n’est pas superflue. Je trouve vraiment à en utiliser certaines très régulièrement. ces ajouts me semblent très judicieux.
Quelques nouvelles couleurs DMC trouvent leur place
b- Dans ce visage, en plus des oranges, il y a des blancs et des gris pour le museau et les tours des yeux. Ce sont des gris chauds. Je dirais que même les blancs sont gris. Lorsqu’on dit « gris chauds » cela signifie qu’ils sont un peu vert, à la différence des « gris froids » qui sont teintés de bleu.
Pour le moment je ne m’occupe que de l’habillage des yeux et de la truffe.
La truffe et les oreilles sont faits de plusieurs vieux roses que je retrouverai (ou pas) dans des zones plus éloignées dans la végétation ou la chemise écossaise, aussi, je vais devoir laisser en suspend ces parties car je n’ai pas suffisamment d’éléments pour bien choisir des couleurs qui pourront être utilisées pour toutes les demandes. C’est une histoire d’économie de couleurs.
C’est toujours assez inconfortable de devoir laisser des zones vides comme cela parce que il manque des teintes qui servent aussi à équilibrer un ensemble. C’est donc une sorte de gymnastique de l’esprit que de les imaginer déjà là pour pouvoir progresser sans faire de fausses notes.
2- Chapeau !
a- Contraste de complémentaires.
Sans transition, c’est la plongée dans les bleus, des bleus dé-saturés, des bleus dit « turquoise », ce qui signifie qu’il y a du jaune dedans. C’est très beau. Les oranges et les bleus utilisés sont en totale opposition dans la palette chromatique. C’est ce qui me fait dire que cela crée un contraste de complémentaires. Si vous fixez votre regard sur les oranges, et seulement les oranges, et qu’ensuite vous fermez les yeux vous verrez apparaitre ces bleus dans votre écran mental. Les uns appellent les autres.
Contrastes de Complémentaires : les uns appellent les autres.
b- La transition se fait dans les zones sombres du chapeau.
Pour la broderie c’est aussi une sorte de zone de repos car ce sont des surfaces de broderie simples, sans grande variation. Il s’agit de glisser petit à petit d’un bleu presque noir à des bleus plus lumineux. Dans les parties lisses telles que celles-ci, c’est à la fois simple et compliqué pour la création. Tout dépend de la réaction des couleurs. Certains camaïeux glissent tous seuls et pour d’autres ça frotte, ça crée une marbrure. Alors il va être nécessaire de mélanger les fils pour créer une zone tampon qui permettra cette progression douce. Si d’un côté du chapeau j’utilise cette technique de l’autre cela ne fonctionne pas. Il faut s’adapter. C’est comme cela que l’on apprivoise les couleurs : en faisant des expériences.
Avant de monter dans la belle partie turquoise claire du chapeau je vais devoir faire un tour dans les verts de la végétation qui va se révéler être une sacrée prise de tête…
c- La partie haute du chapeau est turquoise et écossaise.
Je ne peux pas faire toutes les lignes de l’écossais telles qu’elles sont sur l’image car ce serait vraiment horrible en point de croix, un gloubiboulga indigeste.
Ce qu’il faut c’est évoquer, que chacun en regardant la broderie comprenne qu’il s’agit d’un motif écossais, mais nul besoin de tout représenter.
Mon travail c’est de sélectionner dans l’image ce qui peut être gardé ou pas. Et même parfois de créer quelque chose de totalement différent de l’image, mais qui dans un contexte d’ensemble semblera être identique. Je sais c’est magique et ça d’être visionnaire.
C’est assez difficile de théoriser sur certains moments de création qui sont pure intuition :
- Pourquoi cette ligne de points sera conservée ?
- Pourquoi celle-ci disparaitra ?
- Pourquoi changer un blanc par un bleu ?
- etc. etc.
d- Cette danse des couleurs, mêlée de motifs exigeants, est ce qui fait le sel de la création et aussi sa prise de tête !
C’est un peu le moment où il faut garder son calme et faire confiance.
Dans cette partie, tout est question d’émancipation. Il y a l’image et il y a le point de croix. Parfois cela s’oppose. Je le savais en créant cette illustration que ça me poserait des problèmes de réalisation. Mais bien sûr : Même pas peur !
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Plus on s’immerge dans la palette choisie plus les réponses viennent. Le cerveau finit par faire des connections étonnantes et proposer des solutions pour une interprétation. Les mains s’agitent et sont impatientes de voir émerger le motif. Yes ! Le principe, lorsqu’aucune théorie ne prévaut, c’est de laisser le flux nous traverser. C’est la connaissance intime des couleurs, celles choisies, qui fera que ce sera possible de doser le plus finement qui soit le nombre de croix, dévolu à chacune, pour atteindre l’équilibre.
Moi qui ne connais pas très bien les bleus, je me suis sentie tout à fait à l’aise dans cette expérience. Alors qu’avec les verts, habituellement mes copains, je me suis arrachée les cheveux pendant des semaines… Mais ça ce sera pour le prochain épisode. Pour le moment je trouve que cela avance bien et le rendu me satisfait. Maintenant que les bleus sont mes amis, j’ai hâte d’entreprendre la jaquette.
Rendez-vous pour la suite : Polly épisode 3
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super. Toutes les couleurs que j’aime.
alors c’est super !