Être ou ne pas être.. une personne de terrain
Je suis ce qui s’appelle une personne de terrain.
Je me sens épanouie lorsque physiquement je m’engage dans quelque chose.
Je me sens épanouie lorsque physiquement je m’engage dans quelque chose.
Or je ne bouge plus…
Au tout début de Nimue je rencontrais surtout des créatrices qui étaient heureuses de rester chez elles à broder et à créer. Cela semblait correspondre à un idéal. Moi je ne me projetais pas du tout de cette manière. Cela ne pouvait être mon chemin. Il n’était pas question que je reste à broder du matin au soir enfermée chez moi. Rien que de m’imaginer dans cette sorte de vie j’en ai encore des bouffées de chaleur.
Il fallait que je bouge, que j’explore le monde et Nimue c’était le bon prétexte pour cela.
La moitié de l’année j’étais par monts et par vaux, exposant ici et là, rentrant quelques jours, brodant dare-dare jours et nuits et fabriquant dare-dare nuits et jours.
Une course contre la montre permanente mais très excitante. De riches rencontres, des heures de route à conduire une camionnette. Le bonheur.
De riches rencontres, des heures de route à conduire une camionnette. Le bonheur.
Et puis les choses se sont dégradées et il n’a plus été intéressant de participer à des salons. Alors le confinement a commencé, et cela bien avant le Covid ! qui n’a fait que confirmer la période.
Depuis je bouge encore moins. Quelque chose de l’ordre de l’élan s’est dissout en général dans notre société et avec cela tout un tas de communautés ont disparu, auxquelles je participais. Le vide quasi sidéral.
Nous sommes actuellement dans la longue traîne d’après Covid et c’est une page blanche, une page de transition toujours en cours.
La plupart d’entre-nous étant dans cette transition, pour ne pas dire le flou, cela a laissé la place aux âmes belliqueuses qui ont pris la place. L’air s’est vicié.
Chance pour moi, je vis à la campagne dans un bel endroit, entourée de personnes précieuses où je fais l’autruche.
Pour beaucoup cela pourrait suffire.
Or je suis ambitieuse. Au sens où j’ai besoin de projets, j’ai besoin d’engagement xxl. Mais je fais comme tout le monde c’est-à-dire ce que je peux avec : qui je suis, là où je suis née, mon environnement, mes moyens etc.
Je suis seule à bord de mon navire économique et il se situe à peine au-dessus de la ligne de flottaison. Avec cela on ne fait pas de folies, on flotte en étant balloté, en espérant que la bouée de crève pas. Émotionnellement c’est assez épique. Pas du tout fait pour tout le monde.
Mais je reprends…
Je suis une personne de terrain.
Ce matin je me suis levée à 5 heures, pas tellement pour le plaisir de se lever tôt, mais pour l’urgence d’éclaircir le moment.
J’écris tous les matins pour clarifier mes intentions de la journée et ensuite entrer dans l’action une fois que tout est bien posé. Cela apporte beaucoup plus d’efficacité et lorsqu’on est plus efficace on se libère du temps.
Mais d’ordinaire c’est plutôt vers 8h.
Mais d’ordinaire c’est plutôt vers 8h.
Ce qui me trouble, c’est que depuis un an quelque chose est entré comme un boulet de canon dans ma vie et c’est une énorme surprise. Un terrain. Un vrai. Pas une métaphore.
Un terrain de plus de 3000 m2.
Je n’ai pas pris la mesure de ce qui se passait sur le moment. Ni vraiment encore maintenant d’ailleurs.
Avec Nimue on vit dans une maison en lisière de village en forêt depuis presque 18 ans. On se partage la maison, Nimue côté méridional et moi côté septentrional. Autant dire que c’est Nimue qui a tiré le gros lot et qui profite au mieux du soleil.
Jusqu’ici nous étions locataires.
L’année passée on a eu l’opportunité d’acheter la maison. Je ne sais pas si on a eu vraiment le choix. On a eu peur de se retrouver à la rue car le propriétaire était désireux de vendre depuis un moment. Or il y a très peu d’habitations qui correspondent à nos besoin si particuliers de cohabitation.
Jusqu’ici rien d’extraordinaire sauf que… avec la maison vient le terrain.
J’avais environ 700 m2 à entretenir ce qui se résumait à tondre une pelouse dix fois par an et basta.
En plus comme j’étais toujours en vadrouille au moment des tailles et autres entretiens du jardin, disons qu’il vivait sa vie de son côté et moi du mien. Sa générosité était débordante notamment côté ronces, lierre et adventices de toutes sortes. Survivaient au milieu de la jungle des vieux rosiers, camélia, rhododendron et hortensias ainsi que des primevères qui s’étaient échappées de la platebandes depuis plus de 15 ans et parcouraient avidement le gazon devenu extrêmement rustique.
Mon engagement personnel côté végétal était à la hauteur de mon désintéressement. De mémoire je ne me souviens pas avoir pu maintenir aucune plante en vie plus de six mois.
Pour moi, faire pousser des fleurs ou même des légumes, n’était pas un sujet. Ou plutôt je pensais que c’était un sujet qui ne voulait pas de moi.
Cependant, je suis addict aux grands arbres, à la mousse, aux grands espaces, autrement dit, aux végétaux libres et indépendants. Comme moi !
Je reprends…
Je suis une personne de terrain.
Au-delà de la zone de location s’étend la parcelle. C’est-à-dire qu’après le gazon rustique il y a la friche, faite essentiellement de chiendent et de chardon. Puis vient la terre agricole que j’appelle Le Champ, cultivé par le neveu du proprio depuis des décennies qui, quelques semaines après la signature, vient faucher et ramasser son herbe à vache et livre un champ plein d’ornières et de cailloux. (Cailloux ramenés là certainement par des forçats de prisons exotiques tellement il y en a !)
De loin un champ c’est joli. Mais de près. En réalité il y a du gros ray-grass italien. Rien à voir avec le charmant gazon anglais. Et encore on sort de l’hiver et non de l’été on échappe à la suite d’un champ de maïs ou de blé.
Le garçon me dit : « très humide et plein de cailloux. »
A ce moment-là je crois savoir ce que c’est qu’un terrain humide mais en fait non. Aujourd’hui oui. Un à deux centimètres d’eau au-dessus du niveau de la terre. Le terrain n’est pas suffisamment en pente il faut croire (pourtant il l’est !) car la flotte reste là. (Ah ! Encore cette histoire de flotte, ça me poursuit)
Ray-grass, ornières et mottes argileuses, chiendent et ronces : bouquet gagnant !
Malgré ses défauts, c’est mon terrain. Et comme je suis une personne de terrain…
je ne vais pas me plaindre.
Si la suite vous intéresse… Comment un jardin devient l’écrin de l’inspiration d’une brodeuse. Car c’est bien sûr de cela dont il s’agit.
Rendez-vous pour la suite : Terrain, Episode 2…
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