Merlin le facétieux
Il se joue de moi et du temps…
Merlin apparu un jour sous la forme d’un cerf à 5 cors. C’est sa seule métamorphose en animal, bien que d’autres animaux soient liés à lui. Ainsi lorsqu’il se retire loin des hommes il est accompagné d’un loup gris. Son antre s’appelle l’Esplumoir et fait référence aux oiseaux mythiques des contes celtiques. Son nom vient du gallois ancien « celui qui vit dans l’eau » sous-entendu, celui qui vient de tellement loin qu’il a connu les premiers âges où la Terre n’était encore qu’une vaste étendue bleue. Merlin semble appartenir du fait de son origine divine à un Temps autre que le nôtre.
Cependant, sa mère, jeune vierge catholique comme précédemment conté, mettra neuf mois comme toutes les humaines pour enfanter, de la Saint Blaise (Blaise = Loup) à la Saint Martin le 11 novembre (Martin = Ours).
Comme tous les mythes, il y a des évolutions au fil des décennies, au fil des siècles. Le Merlin de Walt Disney n’a plus grand chose à voir avec le Merlin des contes gallois du haut Moyen-âge. Ne cherchez pas un auteur qui un jour aurait fixé à jamais ses contours car celui-là n’existe pas. Bien au contraire ils sont des centaines à s’être approprié l’aura de l’Enchanteur et ce encore aujourd’hui. Ainsi ce personnage insaisissable l’est-il encore et toujours…
C’est ce qui me plaît dans la Légende Arthurienne c’est sa permanence dans son impermanence.
Elle est riche, extrêmement riche et facétieuse avec nos connaissances, comme Merlin l’est avec nous.
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La Broderie
Bien que brodé depuis un long moment Merlin attend sa touche finale.
Ce qui me trouble c’est qu’il n’a pas vraiment besoin de contours. Il est déjà très « défini » et finalement n’a pas besoin de tellement plus. Le flou ne participe-t-il pas à sa nature insaisissable ?
Bon, où en étions-nous avant la pause de l’été ?
Ah oui ! le visage…
le premier jet semble le bon, pas besoin de refaire, pas besoin de retouche ! Merveilleux.
Les cheveux, la barbe, tout cela ne pose pas vraiment de problème. Il a juste fallu décidé de garder ou non sa couronne de lierre. Ce serait dommage de masquer ce joli front (intelligent et) lumineux qui apporte beaucoup de qualité à l’ouvrage. Donc je supprime le lien qui lui barre le front sur l’image originelle.
A – Lumière : Les Trous !
Depuis le tout début j’ai laissé de nombreux espaces vides.
C’est le cas pour la capeline et pour la lire.
Celle-ci est d’ailleurs encore entièrement vide.
Celle-ci est d’ailleurs encore entièrement vide.
1- Capeline :
Je savais depuis le tout début ce que j’allais introduire ici comme fils spéciaux, du moins dans quelle direction j’allais aller. Les bords sont blancs crème et jaune. Pour donner de la matière j’opte pour :
- un Tonkin blanc cassé, mélange de fibres mat et de fil d’or plat
- et pour un fil mohair très fin, un jaune très doux, pour donner du corps.
Il y a quelques mois je pensais utiliser 2 Tonquin mais le mohair c’est imposé à la place du deuxième comme une évidence une fois le context posé.
Dans ces zones pas d’effets de volumes ou de vibration qui seraient donnés par des choix de couleurs ensemble, mais plutôt des choix de matières.
Pas de grille alambiquée non plus mais un traitement vraiment synthétique pour profiter au mieux de ces matières.
2- La Lire :
Instrument de musique connecté au divin, à l’Autre-Monde.
Comment lui conférer cette dimension unique, voire irréelle ?
Je n’avais pas envie de traiter cet élément comme n’importe lequel avec du coton, mais plutôt choisir une matière qui ferait sentir inconsciemment son appartenance à l’Ailleurs. Cela ne peut être fait de la même matière que ce qui est « terrestre ». Je ne m’en suis pas du tout soucié avant ce moment n’ayant pas de réponse claire dans mon esprit. Cependant assez vite je regarde dans les :
- cocons Caudry et trouve 3 bobines de mauves, déclinant un camaïeux suffisant pour me permettre de créer du volume.
- Associés au blanc du Tonkin et mariés à un fil de coton turquoise, j’ai ce qu’il me faut.
- Les cordes de la lire sont eux aussi faits de Caudry.
Effet et résultat immédiat !
Comme on peut le voir dans ces deux éléments laisser vides que sont la capeline et la lire, ils ont été traités de manière très synthétique. C’est souvent ainsi avec les fils spéciaux : il faut être direct sinon la lecture se brouille.
Ainsi les quelques éclats brillants argentés ou or de ces fils spéciaux et leur matières particulières avec des contrastes mat/brillant confèrent au tout un aspect presque de verre dépoli, précieux et fragile comme du cristal opaque. On a le sentiment d’un instrument capable de jouer des notes aux sonorités surnaturelles, une existence propre, sans intervention humaine.
On a le sentiment d'un instrument capable de jouer des notes aux sonorités surnaturelles, une existence propre, sans intervention humaine.
B- Guirlandes de lierre
Dans l’illustration originale il y a beaucoup de lierre enchevêtré aux branches.
Trop copieux et trop petit pour être représenté de manière esthétique et efficace au point de croix. Aussi dès le commencement j’ai pris le parti d’ignorer ces éléments alors même qu’il y en a partout. Je m’étais dit, que peut-être, j’utiliserais des perles pour des guirlandes de lierre, puis avait laissé la chose en jachère dans un coin de ma tête.
Une fois arrivée au stade final où les derniers éléments doivent être posés, je reviens à mon idée. Avec quelques perles choisies je fais des tests d’assemblages pouvant évoquer une feuille de lierre. Je choisi 4 couleurs de perles à broder et tente de former une feuille puis une autre, les unes à la suite des autres en les liant sur un fil.
Si la « feuille » semble réussie, la guirlande qui s’enroule sur les branches ne me satisfait pas du tout ! On n’est pas dans une guinguette… !
C’est alors que je me souviens de ce que j’ai fait la veille : j’ai coupé dans mon jardin des lianes qui pendaient des branches de saules. Ce sont des lianes de ronces ou de lierre, très fines, très élégantes, qui semblent tomber du ciel tant elles viennent de très haut.
J’essaye de rendre cette verticalité et hourra ! Je sais que c’est exactement cela qu’il faut. Ça sonne juste.
« Dans l’article précédent concernant le Terrain épisode 2, j’évoquais comme l’observation, la curiosité de toute chose, apporte des réponses aux créatifs. En voici une illustration immédiate »
On pourrait croire que la différence n’est pas folle mais ces lianes, disposées en plusieurs verticales plutôt qu’en suspension, racontent une toute autre histoire. Au lieu d’un sentiment de fête, l’on rejoint l’idée d’une forêt ancestrale profonde, aux troncs et branches vertes de mousse, où s’accrochent et pendent, lierres, ronces et lichens.
C- Accessoires
L’Aventure merlinesque touche à sa fin.
Encore quelques points pour fermer la capeline.
Je cherche et trouve dans mes trésors quelques accessoires, quelques charms, qui pourraient compléter merveilleusement l’ensemble et mettre le point final.
L’aventure s’arrête ici avec un accessoire, un Arbre de Vie, un médaillon bronze, hautement symbolique et parfait de signification.
Ainsi Merlin, associé à la figure de l’Homme Vert, nous aura-t-il fait voyagé en terre d’humus et de fertilité avec des montagnes russes de couleurs et de dégradés vertigineux. Rencontrant le cerf, plutôt que le loup ou le sanglier, il est et côtoie le Seigneur de nos Forêts Enchantées.
Dans quelques jours il sera entre vos mains si vous le souhaitez…
Photo finale et accès au mini-kit ICI
Merlin, par Nimuë d’après une illustration de Zephir d’Elph
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Bonjour.
Magnifique ! trop hâte de finir ma broderie en cours pour m’attaquer à celle-ci. De plus, je relis en ce moment « Les Dames du Lac » 😉
Les Dames du Lac de Marion Zimmer Bradley (je suppose) pour celles qui seraient intéressées de lire une saga arthurienne vue des personnages féminins. Un best dans la longue liste des ouvrages parus. Son originalité tient dans son approche par le féminin. A vos lectures !
Merci Laurence !
Vivement dimanche !!!
Ah! Cécile c’était dimanche dernier… l’email a juste mis 2 jours à arriver jusqu’à vous… quand je disais que ça n’avançait pas ! Il vaut mieux en rire