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Nimue Création Pas à Pas

Il y a quelques mois de cela j’ai eu envie d’écrire sur le processus de création soit de manière générale soit les particularités liées à un sujet précis en cours. Et comme ces articles sont plébiscités par beaucoup d’entre-vous, je continue…

Dans cette partie du site vous trouverez donc des articles qui racontent comment une création s’élabore pas à pas, mêlant questions techniques, économiques et poétiques.
Et surtout n’hésitez pas à laisser vos commentaires à la fin de l’article. Bonne Lecture ! 

Viviane, la Dame du Lac : Episode 3

La Palette... Point par Point

Une broderie au point compté n’a pas grand-chose à voir avec une peinture, du moins en ce qui concerne sa palette de couleurs.
Pour un peintre, certains choix de brodeuse sembleront aberrants. Cela vient du fait que dans une peinture l’on a à sa disposition des millions de couleurs. Elles se mélangent à l’infini et proposent une multitude de nuances.
 
En broderie ce n’est pas possible.
  • Parce que la palette est très limitée.
  • limitée par le fabriquant de fils qui ne propose que quelques teintes par camaïeux.
  • Et impossible, car il serait illusoire, et détestable à broder, que de changer de fil à chaque croix !

Pour un peintre, certains choix de brodeuse sembleront aberrants.

 
Mais pour autant la broderie doit donner l’illusion qu’il s’agit bel et bien de la même image. 
 
D’un million de couleurs la palette s’est réduite à 20, 30, 40 couleurs selon la dimension du motif. Cela suppose d’avoir un regard synthétique sur l’oeuvre. Cela suppose de faire des choix drastiques et tel un entonnoir il ne reste plus que quelques couleurs et chacune d’elles doit être hyper efficace et juste.
 
En jeu il y a le coût final pour la brodeuse.
 
C’est pourquoi une couleur ne doit être ajoutée que :
  • si elle ne peut être remplacée par une déjà retenue
  • si elle remplace avantageusement un mélange de 2 couleurs déjà retenues, pour une raison de confort par exemple.
  • si elle participe « au style » et à l’esthétisme de l’ensemble, c’est-à-dire que son absence dénaturerait le style.
 
L’oeil qui crée doit être à même de synthétiser et de créer l’illusion mais à l’économie : Magique !
Lorsque je crée à proprement parler le diagramme, c’est-à-dire lorsque je place chaque point, et donc chaque couleur de fil, je vais d’abord à l’instinct avec ce que « je sais » de ces couleurs choisies. Je me fais confiance.

L'oeil qui crée doit être à même de synthétiser et de créer l'illusion mais à l'économie : Magique !

 
1- Lorsque je dis « je sais » à propos des couleurs, cela tient compte de plusieurs éléments à la fois :
  • leur teinte dans la gamme chromatique
  • leur luminosité
  • leur manière d’inter-agir avec telle ou telle autre couleur placée à côté.
  • leur manière d’exister dans un groupe de couleurs.
  • ce que l’image elle-même demande
 
2- Une fois que ces points sont placés, sur une zone plus ou moins importante selon la complexité du motif, je vais prendre du recul. Je réduis l’image et je vois si l’effet d’ensemble est approprié, si les zones lumineuses par exemple, ont la bonne proportion. Alors j’augmente ou réduis la place de certaines couleurs sans plus me soucier de l’image mais de l’effet désiré.
 
3- Enfin je reviens en détail sur chaque espace de la grille en nuançant : un peu plus clair ici, un peu plus jaune là, un peu plus sombre ici, plus rose, plus intense etc. etc. Je vais la travailler encore et encore jusqu’à ce que cela me semble suffisamment « riche ». Je scrute chaque parcelle.
4- Et en brodant je change encore et encore des points le temps de la progression. C’est sans fin. Je ré-ajuste et modère à mesure, en fonction de ce qui se passe. C’est pourquoi je ne peux déléguer et « donner à broder » car fondamentalement ce que j’aime c’est ce travail minutieux d’écriture des symboles, point après point.
 
Il faut être exigent sans se perdre. L’objectif est l’excellence, la grâce et la beauté. Cela ne peut être moins que cela.

L'objectif est l'excellence, la grâce et la beauté. Cela ne peut être moins que cela.

Je me plais à imaginer que ce que j’ai entre les mains est vivant et que cette forme en devenir se donne le droit de grandir et d’embellir. Avec au fur à mesure la toile qui se nourrit et se gorge de fils satinés multicolors aux effets tous plus émouvants les uns que les autres.
 
La progression intime avec l’œuvre est ce qu’il y a de plus précieux, parce qu’elle se révèle à nous, parfois malgré nous, elle nous traverse et nous dépasse.
 

Alors je vous le dis : une créatrice aspire à finir entre les mains de sont œuvre plutôt que l’inverse.

Elle devient alors son pantin mais cela c’est, et vous ne me contredirez pas, pour le plus grand bien de toutes…

Rendez-vous pour la suite : Viviane Episode 4

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Viviane, La Dame du Lac, par Nimuë d’après une illustration de Zéphir d’Elph.

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Image de Annaïck Chauvel

Annaïck Chauvel

Bienvenue dans l’histoire des Créations de Nimue. Ici je partage avec vous le Comment et le Pourquoi de ces créations.

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patricia rougé

elle va être superbe mais quel investissement on voit ton plaisir dans ta manière d’expliquer !!!!!!
j’adorerais faire pareil bises et bonne continuation

Marie-Thérèse Calaud

Merci pour toutes ces explications qui nous montre le travail de précisions que vous faîtes. J’ai hâte de voir Viviane, ça va être une pure merveille.
à bientôt pour le 4ème épisode

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