Patatras !
Parfois l’on introduit une couleur et Patatras !
Tout ce que l’on avait nuancé avec minutie s’envole en fumée.
Dernièrement j’ai eu quelques sueurs froides.
Alors que je progressais dans la manche de la robe, j’ai dû ajouter un gris assez » froid ». Or, je n’ai que des blancs « chauds ».
Et l’inévitable s’est produit : mes blancs sont devenus jaunes !
Mais oui parce que ce sont tous des blancs avec un soupçon de jaune mélangé : des blancs « chauds ».
Je parlais précédemment de l’interaction des couleurs entre-elles. Cette fois on y est.
Comment faire ?
A ce moment de la progression de la broderie voici ce qui se passe :
- La cape est brodée
- J’ai choisi mes blancs, j’espère pouvoir m’y tenir (pas gagné)
- La robe est ton sur ton avec la toile, aucun contraste, on s’y perd…
- Le manchon et la grande manche extérieure sont brodés
- La partie intérieur de la manche est en devenir
Parfois l'on introduit une couleur et Patatras !
Autrement dit :
- Broder la cape s’est révélé un exercice très confortable et agréable.
- Les blancs du manchon et de la partie extérieure de la manche ont également été très évidentes.
- L’intérieur de la manche a été correcte sur le moment puis est devenu une « cata »
Et oui parfois cela arrive.
Parfois l’on introduit une couleur et Patatras !
Le pire du pire, une couleur, une seule peut réduire à néant tout notre travail précédent.
En l’occurrence un gris foncé va transformer en jaune tous mes blancs ! Et pas que mes blancs mes autres faux gris aussi.
Souvent j’utilise ce que j’appelle des « faux » gris. Ce sont des couleurs dé-saturées qui brodées près de couleurs pleines deviennent grises.
Par exemple ici j’ai utilisé des mauves qui associés aux blancs deviennent gris-rosé. Mais avec ce gris foncé là ! voilà qu’ils deviennent tous marron !
C’est une horreur.
Pourtant j’ai fait attention à prendre LE gris dans la gamme des gris foncés qui contraste le moins avec mes blancs. Mais malgré cela le pire est arrivé.
Je rappelle à cette aimable assemblée que je n’ai pas d’autres blancs dans la gamme que ceux choisis.
C’est-à-dire que cet effet était inévitable.
Je décide de continuer coûte que coûte et passe à la partie jupe de la robe.
J’ai un sentiment très mitigé sur ce que je fais et surtout sur ce que je vois. En fait je ne vois plus que du jaune partout et ça ne me semble vraiment pas à la hauteur du tout.
Pendant des jours, je me réveille le matin en me disant :
- si je devais changer une couleur ce serait laquelle ?
- Mon gris très foncé ?
- Puis-je me passer d’un gris très foncé ?
- Ai-je autant besoin de contraste à cet endroit ?
Parfois on est obligé de broder en premier des parties qui vont corrompre pour un temps notre vision du sujet.
Alors que je passe à la zone suivante c’est-à-dire la jupe de la robe, je ne vois plus que du jaune et marron partout et vraiment j’ai des doutes énormes. Et je ne peux pas dire que ce que je vois me plaît.
A ce stade je comprends que je vais devoir faire un pari sur la suite. Parier qu’une fois tout le bas de la robe brodé les choses se rééquilibreront d’elles-mêmes.
Souvent on est obligé de broder en premier des parties qui vont corrompre pour un temps notre vision du sujet. Parce que le point compté ne peut être réalisé que dans une progression « à mesure », c’est-à-dire que l’on brode « à la suite » (et non, par exemple, les couleurs sombres en premier puis les claires).
Je suis obligée d’en passer par là. En somme, tout en ayant le sentiment d’y perdre mon latin, je vais m’accrocher à mes choix et à ce que je crois. Je vais broder des dizaines de milliers de points avant de pouvoir mesurer si, l’intérieur de la manche va rester un calvaire des yeux ou, si la magie va opérer et tout prendre sa juste place.
J’ai le désir d’avancer rapidement dans cette partie pour en avoir le cœur net.
Je vais y consacrer des journées et des soirées car il me faut des réponses.
S’accrocher est une valeur énorme lorsque l’on crée.
Alors que j’avance dans la jupe, j’introduis un nouveau blanc/cassé et élimine presque complètement les plus « jaunes ». Je veux aller très vite vers des blancs très clairs pour rééquilibrer le plus rapidement possible.
Alors enfin ce que j’espérais se produit : les blancs jaunis redeviennent blancs. De beaux blancs.
Une des leçons de ce passage est que lorsque l’on brode sur une toile de mêmes tons que les fils, donc sans aucun contraste, l’on n’a pas de retour d’information. On avance à l’aveugle. C’est le cas ici puisque j’ai une toile marbrée blanche avec des nuances gris/ivoire et que mes couleurs sont très équivalentes. Parfois l’on rencontre des difficultés totalement inverses avec une toile omniprésente qui induit des choix de couleurs ré-haussées au maximum. C’était le cas avec La Reine des Fées dont la toile rouge « mangeait » littéralement toutes les couleurs.
Entre cette toile qui n’offre aucun contraste et les couleurs indispensables qui perturbent le jeu général les émotions peuvent être fortes et les doutes aussi.
Malgré cela l’on doit croire en soi et sa vision globale.
Parfois Croire en se que l’on Sait et non en ce que l’on Voit.
C’est une gymnastique permanente entre ces deux états : être persistant sur les grandes lignes tout en modifiant sans cesse les détails.
Une fois que l’ensemble est validé La suite de la robe devient une formalité et je retrouve le bonheur de la brodeuse originelle qui trotte allègrement de points en points.
Rendez-vous pour la suite : Viviane Episode 5…
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Viviane, La Dame du Lac, par Nimuë d’après une illustration de Zéphir d’Elph.
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Bonjour Murielle. Les fils dégradés ne peuvent servir que pour des motifs très graphiques. C’est absolument à bannir si on veut créer quelques chose en volume que ce soit des personnages ou des objets, des fruits, des fleurs etc. Dans la pratique l’on vérifie très vite qu’il n’y a pas de raccourci ! Bravo à la team Meurisse. Annaïck
Effectivement, il peut y avoir des problèmes avec des mélanges de couleurs.
Je suis de tout coeur avec vous. J’aimerai vous aider mais ne dispose pas, malheureusement de tous les fils ni, il me semble, d’un logiciel qui peut aider pour la broderie.
En peinture il faut quelque fois mélanger des couleurs improbables pour avoir le rendu voulu.
Mais ce n’est pas aussi simple en broderie.
Bon courage pour la suite et au plaisir de vous lire à nouveau.
Christiane Meurisse
Merci Christiane. Il y a des solutions à tout. Du moins c’est ma devise. Et c’est le cas ! Les choses choses semblent s’être rétablies. Merci pour le soutien !
Bonjour
Je n’imaginais pas le travail que cela représentait. C’est un travail de titan et il faut bien connaitre les couleurs afin de pouvoir faire des mélanges harmonieux un peu comme un peintre, car je me dit que les tableaux comme genièvre , Arthur, la dame du lac…… sont dans le même principe que des tableaux fat par un peintre. Je pense qu’il faut être passionné pour faire ce genre de métier.
Je dit bravo pour ces broderies qui sont formidable
Merci Christiane pour ce commentaire. Je crois qu’effectivement mieux on connait les couleurs, et donc les possibilités, plus précis l’on est. Cela vient avec l’expérience et la pratique.