Fin du parcours créatif
Me voici à la fin de mon parcours créatif avec Viviane.
Ce à quoi j’aspire c’est de créer quelque chose qui soit universellement beau tout en étant étrangement différent.
Lorsqu’on touche à l’universel, on touche à une émotion commune. Même si on ne se connaît pas, que l’on est de cultures et territoires éloignés, quelque chose est là qui nous est commun et nous bouleverse.
Parfois on lit un livre et on se dit que l’auteur a écrit exactement ce qu’on avait en soi sans être à même de l’exprimer, mais lui l’a fait. Et cela nous remplit de gratitude envers l’auteur.
Est-ce trop ambitieux que de vouloir exprimer en broderie la poésie qu’il y a en chacune des brodeuses ? et qui un jour s’approprieront cet ouvrage ?
Si vous êtes là, aujourd’hui, à lire ces lignes c’est que nous nous ressemblons et que nos images intimes se confondent. Alors pourquoi pas nos croix ?
« Comment exploiteras-tu les contraintes pour créer une beauté utile et insolite ? »
Rob Brezsny.
1-Fin du paysage
Il y a un mois de cela je venais à bout du paysage.
Concrètement il ne restait plus que le visage, autrement dit : la peau.
Broder les arbres a été d’une jouissance extrême. Vraiment c’était passionnant de jouer avec tous ces tons de verts d’eau et verts bronze, en les dosant le plus subtilement possible. Parfois il n’y a rien d’autre à dire en broderie que l’équilibre des couleurs. Cela ne correspond pas toujours à la logique de la réalité mais cela donne l’illusion de la réalité. C’est un foisonnement.
Broder en un fil a permis ce foisonnement, a permis de « charger » sans que cela semble lourd.
Nous voilà dans une tapisserie vintage au charme un peu désuet contrebalancé par la modernité du personnage.
Je vous le dit très simplement : cela m’a rendue heureuse.
Puis il a fallu réfléchir précisément à la fin. C’est-à-dire décider à propos des perles, accessoires, fils spéciaux etc.
Anticiper pour que les matières soient disponibles rapidement à la sortie du sujet.
Je me demandais :
- Comment j’allais réaliser la broche de la cape ?
- Quelles perles j’avais en stock pour faire mes essais et quels fournisseurs ? Français, américains, japonais ?
- Comment j’allais terminer la ceinture ?
- Comment j’allais rendre les motifs dorés sur la robe ?
- Quelle matière j’allais utiliser pour le serre-tête de lierre ?
2-Bijoux….
a-Ceinture : boucle et entrelacs.
J’ai eu envie de fouiller dans mes tiroirs et de chercher des apprêts. J’ai exhumé du fin fond d’un tiroir à trésors, un petit sachet de médaillons filigranés cuivrés. D’une dimension parfaite il prend sa place comme boucle de ceinture à la place du motif brodé.
C’est beau comme quelque chose qui semble avoir été conçu pour.
Combien y en a t-il dans ce sachet ? 47.
1 pour le modèle original + 1 pour la réserve.
Je dispose de 45 pièces.
Je fouille sur internet chez les fournisseurs potentiels. Rien. Même pas quelque chose d’approchant. C’est triste. Beaucoup de fabricants ou grossistes ont disparu ces dernières années.
Je replonge dans mes tiroirs…
C’est beau comme quelque chose qui semble aurait été créé pour.
Je ne trouve rien de mieux. Ce médaillon est tellement parfait que je refuse de ne pas l’utiliser. Tant pis, seules 45 brodeuses auront le même. Je trouverais un substitut pour la suite.
En général une rupture arrive au bout de quelques années. C’est toujours risqué de sélectionner des apprêts mais c’est tellement excitant d’utiliser des bijoux !
Lorsque cela arrive, c’est-à-dire lorsqu’un fil, un accessoire, une toile ou autre chose, n’est plus disponible, je cherche ce qui peut le remplacer sans perdre l’âme du sujet.
Tout en étant different l’esprit est le même.
C’est pourquoi, lorsque les 45 losanges seront partis, un nouvel apprêt prendra sa place, et de belle manière, puisqu’il s’agira d’un trèfle à 4 feuilles. Tout un symbole !
b-Broche/fibule….
Lors de mon exploration j’ai également trouvé de quoi faire une broche pour la cape. Mais ce n’était pas aussi satisfaisant que la boucle de ceinture. C’était un peu trop grand ou un peu trop petit.
Cette broche est une fibule. Une fibule c’est un médaillon ou une boucle avec une pique. La pique traverse le tissu de la cape et est maintenue par le médaillon.
Je regarde de près le modèle et bien sûr je vois les perles en central et des anneaux dorés autour. Il me faudra sans doute 3-4 sortes de perles vertes. Il me faudra aussi créer quelque chose de complètement original pour la partie métallique et la pique.
Je garde cela dans un coin de ma tête j’y reviendrai plus tard.
Je dois juste m’assurer que j’ai les perles et du stock.
c-Bustier….
J’ai pour idée d’utiliser des fils lamés. Sans doute un vieil or et un cuivré. Je dois m’assurer auprès du fabricant qu’il y a du stock alors que je ne sais même pas si c’est vraiment cela que je vais choisir. Ce n’est pas la peine de fantasmer sur un un fil qui ne sera disponible que dans 6 mois !
Si je me suis assurée que mes idées de finitions sont viables pour les fournitures, il me reste encore la problématique de la peau pour laquelle je n’ai pas encore de vision…
Comme souvent j’avais placé les points et les couleurs de la peau au niveau du buste en tout début d’ouvrage sans toutefois les broder.
C’est le moment de s’y mettre !
Je vérifie les nuances choisies sont-elles encore pertinentes ?
Ça me paraît correct alors je me lance.
Le buste étant réalisé, je continue et brode la gorge. Hummmmm. Alors là j’ai des doutes.
Après avoir brodé des milliers de points en un fil pour le paysage, revenir à deux fils me semble grossier.
Mon esprit s’embrouille.
Je détermine tout de même tous les points du visage mais je suis assez fébrile.
Je brode les extérieurs et franchement ça ne me convainc pas.
Je prends du recul, quelques jours pour décider.
Je rumine mon affaire.
J’ai beau chercher dans la palette quelles couleurs pourraient convenir pour poursuivre en deux fils mais je ne trouve rien. Tout est trop fort trop intense.
Il faut que je trouve autre chose…
Rendez-vous pour la suite : Viviane Episode 12…
N’oubliez pas de vous inscrire dans l’encart à droite pour suivre tous les épisodes
Viviane, La Dame du Lac, par Nimuë d’après une illustration de Zéphir d’Elph.
N’hésitez-pas à laisser vos commentaires ci-dessous !
Je suis émerveillée par votre sens des couleurs moi qui n’en ai aucun… Je galère comme une malade chaque fois que je me fais des petites broderies où je choisis moi-même les fils… Ces finitions de vos broderies me donnent des sueurs froides. J’ai terminé la partie point de croix de gaewen depuis au moins 5 ans mais je cale toujours sur les points arrière, les perles … Je passe mon temps à défaire ca me parait jamais assez beau lool … pas évidentes vos broderies mais c’est aussi leur charme !!!
Merci Elisabeth. Il y a quelques années j’avais écrit un Petit Manifeste de la Brodeuse qui parle exactement de ça : l’idée que l’on se fait de la difficulté et ce qu’on s’autorise à faire. Si vous ne l’avez pas je vous le conseille. Qui sait ? cela vous libèrera peut-être de vos appréhension et le geste s’en suivra.
Bon weekend
coucou
ces explications sont déjà un voyage en attendant de la broder a notre tour !!!!!
merci pour ce partage et ces explications qui donnent toute la mesure de la difficulté de la créatrice car il ne suffit pas de broder et d’avoir des idées mais aussi de s’assurer que une grande partie des brodeuses puissent réaliser leur rêve de broder un tel sujet je me rappelle quand j’ai brodé nimuë cela ne faisait pas longtemps que je brodais un défi que je me suis lancée car elle me plaisait beaucoup et ayant réussi j’ai pu ensuite faire en mettant plus ou moins de temps tes autre sujets un peu grand et difficile et je me fais maintenant plaisir avec tes broderies et j’invite mes deux grandes amies a faire de même et je suis contente de les voir avancer et commander des sujets qu’elles n’auraient jamais penser faire et réussir!!!!
merci pour tout et bonne soirée
bises
Patricia
Merci Patricia. Mais oui ! il faut croire en soi et en sa capacité à faire les choses. Il faut profiter de l’élan du cœur que l’on a vers un ouvrage difficile pour passer des caps en compétence. Alors on s’amuse de plus en plus. Bises. Annaïck